Semaine haute en couleurs au Pérou !

de Elida - Mardi 11 sep 2018
Tags: #Pérou

Après un bus de nuit depuis San Pedro de Atacama, on traverse pour la première fois du voyage une frontière terrestre, entre Arica (Chili) et Tacna (Pérou). Sur ce long trajet (près de 20 heures) qui nous mène jusqu'à Arequipa, nous découvrons les joies de ces trajets en bus longue distance tant vantés par les voyageurs d'aujourd'hui. Après un San Pedro-Arica plutôt confortable dans nos sièges inclinables avec petit snack à bord, c'est ensuite que commence l'immersion. Alpagués de partout, notre trajet péruvien sera très local : arrêts fréquents pour prendre des voyageurs en stop sur le bord de la route, mais aussi les différents vendeurs de nourriture, médicaments qui guérissent tout avec petit discours pseudo-scientifique (si vous êtes fatigués/si vous baillez/si votre enfant mange des sucreries/si vous transpirez/si vous avez des gaz : ce sont les parasites ! Prenez-donc de ce super produit qui va guérir toute la famille), le film de guerre avec volume à fond... L'expérience est rigolote, mais finalement on ne regrette pas d'avoir abandonné notre plan initial, qui était de parcourir toute la côte ouest de l'Amérique du Sud en bus (soit 120 heures de voyage).

Notre programme au Pérou sera le suivant : découvrir Arequipa, se rendre à Cusco d'où on partira en excursion jusqu'au village inca du Machu Picchu et finir notre séjour à Lima, la capitale. Voici la carte :

Arequipa

Nos premiers pas au Pérou nous mènent à travers la belle ville d'Arequipa, avec son agréable place d'Armes et ses bâtiments blancs datant de l'époque coloniale.

Arequipa.
Arequipa.

Ayant bien aimé le free walking tour qu'on avait testé à Santiago (tour guidé basé sur les pourboires), c'est comme ça qu'on a commencé à explorer la ville. Malheureusement les tours ne se valent pas tous, et c'est avec un énorme groupe et un guide qui parle beaucoup trop vite et de manière trop dramatique qu'on a passé l'après-midi. Extrait :

quoi? AUCUN d'entre-vous n'est déjà monté à plus de 6000 mètres d'altitude ?? AAAAAAHHHHH mais c'est pas possible ! AUCUN ??? Mais je vais sauter par-dessus la rambarde ! VOUS ÊTES SÛRS ???? Je le crois pas !

Voilà voilà. On a quand même appris que Arequipa vient d'une phrase Quechua qui signifie "ok vous pouvez rester là", adressée aux colons espagnols qui en ont profité pour fonder la ville. On a aussi visité la Cathédrale (visite guidée obligatoire, mais guide bien moins bavard cette fois) avec son orgue majestueux et sa terrasse avec vue sur la ville et ses volcans qui imposent le respect (et pas seulement parce que le premier est encore très actif) : le Misti, le Picchu Picchu et le Chachani.

La cathédrale.
La cathédrale.

Le marché nous en a mis plein la vue avec ses sections colorées et parfumées, les fruits parfaitement rangés (et malheur sur toi si tu y touches...), les abats dans tous les sens, les dizaines de types de pommes de terre différents et les petits stands où on mange plutôt très très bien ! En parlant de gastronomie, on s'est essayé à des spécialités locales, notamment les ceviche (qu'on avait déjà apprécié au Chili), la viande d'alpaca (délicieuse), le cuy (cochon d'Inde grillé : on a testé mais on a pas adoré..."mais attends, c'est pas les dents ça ? arghhhh"), la chicha (boisson à base de maïs violet fermenté) et toujours la boisson nationale créant un conflit avec le Chili : le Pisco Sour. Fun fact au passage : il est interdit de faire rentrer au Pérou toute boisson portant la dénomination "Pisco" sur la bouteille ou tout produit dérivé du Pisco, c'est écrit noir sur blanc aux douanes et ils rigolent pas avec ça ! Et comme nous avait prévenus notre amie péruvienne Luz Marina : "le Pisco Sour, ça se boit comme de la limonade, mais ça tape comme de la vodka !", effectivement !

Délicieux ceviche du marché !
Délicieux ceviche du marché !

Mais Arequipa nous a vraiment étonné par deux choses. La première est le très agréable couvent de Santa Catalina, construit par les espagnols. Une vraie ville dans la ville, avec des maisons, des places, une fontaine, une laverie. Jusqu'à 400 personnes y ont vécu en même temps, mais pas que des religieuses : celles-ci avaient chacune une voire plusieurs servantes ! Aujourd'hui, elles sont une dizaine et vivent à nouveau en communauté dans un seul et même bâtiment, avec leur potager, et ont une vie moins luxueuse mais aussi moins cloîtrée que les prédecesseuses...

Dans le patio d'une des maisons du couvent.
Dans le patio d'une des maisons du couvent.

La deuxième s'appelle Juanita. Retrouvée momifiée par le froid, cette jeune adolescente a été sacrifiée par les Incas dans les hautes Andes, sans doute pour apaiser le dieu du soleil, Inti, et faire cesser les éruptions volcaniques dans la région. Elle témoigne, à travers son épais caisson de verre où il fait -18°C, de la tradition des sacrifices humains chez les Incas, longtemps demeurée incertaine. D'après les explications du musée, des enfants étaient sélectionnés dès leur naissance parmi les familles de la haute société pour servir de victime sacrificielle. Après des jours d'ascension des plus hauts volcans, avec le matériel de l'époque (sandales aux pieds et manteaux d'alpaca ou de vigogne), ils étaient assassinés au cours de cérémonies rituelles et enterrés tout là-haut. C'est sur cette note joyeuse qu'on part pour une nouvelle aventure en bus de nuit, plutôt confortable, jusqu'à la capitale des Incas : Cusco.

Machu Picchu : il faut le mériter !

En arrivant le matin à Cusco, on a quelques heures avant notre long trajet pour le Machu Picchu. Notre taxi, señor Willy, a une proposition plus intéressante que notre projet initial de traîner dans un café sur la place d'Armes : il nous emmène de bon matin au site inca de Sacsayhuaman, sur les hauteurs de Cusco, dont nous n'avions pas du tout connaissance de l'existence... Équipés de notre pass touristique (qu'on utilisera à maintes reprises malgré notre court séjour à Cusco), on visite ce très grand et impressionnant site, avec une vue panoramique sur la ville et toutes les collines environnantes.

L'immense site de Sacsayhuaman.
L'immense site de Sacsayhuaman.

On prend ensuite un taxi pour Ollantaytambo d'où part notre train pour Aguas Calientes, au pied du Machu Picchu. Notre chauffeur nous propose aussi un arrêt culturel sur le chemin, à Chinchero, où se trouvent des terrasses incas impressionnantes et un charmant village en pleine ébullition : il se prépare la fête de la "Virgen Natividad", et tout le monde met la main à la pâte pour préparer de grands chars portatifs décorés de mille couleurs avec des statues ou des images de la Vierge. Arrivés à Ollantaytambo, on profite des quelques heures qui nous restent avant le train pour attraper une empanada et explorer de nouvelles ruines incas, faites de terrasses et de temples. Pour l'instant, l'histoire de ces villages incas nous échappe, car les panneaux explicatifs sur place sont...inexistants ! Mais on garde toutes nos interrogations sous le coude, pour le premier guide qu'on croisera...

Une partie du site impressionnant d'Ollantaytambo.
Une partie du site impressionnant d'Ollantaytambo.

La dernière partie de cette grosse journée se passe dans le train entre Ollantaytambo et Aguas Calientes, d'où on partira à pied pour le Machu Picchu. C'est à Raphaël qu'on a confié la mission d'organiser ces deux jours, et ça a été un vrai casse-tête ! Qui aurait dit qu'il fallait une demi-journée pour parcourir les 60 kilomètres qui relient Cusco à Aguas Calientes ? Vu le peu de temps qu'on avait pour le Pérou, le train, malgré son prix bien élevé, était la solution la plus rapide pour nous... Et plutôt agréable : les paysages qu'on a traversés étaient magnifiques, sur fond de musique traditionnelle.

A Aguas Calientes, on s'installe dans notre sympathique auberge de jeunesse et on se met vite en recherche d'un endroit pour dîner : il faut se lever très tôt le lendemain ! C'est à 4h30 du matin qu'on se met en marche. Au pied de la montagne, on passe le contrôle des billets à un peu avant 5h30, puis on attaque la montée à pieds. Une grosse heure d'escaliers plus tard, on arrive enfin au site. La magie opère, on se retrouve face à la vue qu'on connaît du village inca !

Le seul et unique.
Le seul et unique.

Mais déjà il faut continuer à grimper : on a un billet pour la montagne Picchu, qu'il faut qu'on commence à monter avant 8 heures ! C'est deux heures et 2670 marches plus tard (j'ai arrêté de compter à 1300, ça devenait de plus en plus sportif et raide ^^) qu'on arrive à 1000 mètres de dénivelé de notre point de départ, au sommet de la montagne Picchu, où on a une vue panoramique à couper le souffle. On est entourés de montagnes aux sommets enneigés, d'un côté de la vallée on aperçoit un cours d'eau qui nous fait réaliser tout ce qu'on a grimpé, de l'autre côté la vue dont on ne se lasse pas, de ce village qui nous est encore mystérieux... Après un pique nique qu'on savoure, on envisage avec appréhension la descente sur nos jambes bien fatiguées. Arrivés au niveau du site, on se lance dans deux heures de visite guidée qui permettront de lever le voile sur un certain nombre de nos interrogations. Le Machu Picchu ne peut pas être qualifié de ruines parce que 80% du village est resté intact, avec seulement les toits en moins... Le village aurait été abandonné par les incas qui ont détruit le sentier qui y accède (le fameux inca trail, qui se randonne en 4 jours) afin que le lieu reste secret. Et ça n'a pas raté, il a été oublié pendant 350 ans, faute de trace écrite de son existence. Enfin pas complètement, car on a appris que deux familles de paysans ont pris possession du lieu et y vivaient quand il a été redécouvert par Hiram Bingham en 1911 et révélé aux yeux du monde...

C'est tout là-haut qu'on était quelques heures plus tôt !
C'est tout là-haut qu'on était quelques heures plus tôt !

On y découvre aussi l'ingénieux système de terrasses qui permet de cultiver différentes espèces dans des microclimats différents à chaque étage, l'entier système d'évacuation des eaux de pluie qui a tellement bien fait son travail qu'il a permis d'éviter l'éboulement du site pendant plusieurs centaines d'années, et le système des fontaines qui récupérait l'eau d'une source plutôt éloignée pour l'acheminer au cœur du village. Jusqu'à 600 personnes auraient vécu sur le site, que ce soit l'Inca (le roi) et sa famille en résidence d'été ou les ouvriers qui payaient leur taxe en travaillant 4 mois par an pour le "gouvernement". Tout a été construit en fonction du soleil, et le temple d'Inti (le dieu du soleil, pour ceux qui suivent pas) est baigné de lumière au moment du solstice d'été. On se lance enfin dans la descente finale, qui nous ramène à Aguas Calientes où on attrape notre train retour pour Cusco. L'agréable surprise du surclassement en première classe, avec Pisco, vin à volonté et délicieux repas complet n'aura rien gâché à une journée déjà merveilleuse ! On gardera un souvenir ému du Machu Picchu, et nos jambes ne manqueront pas les jours suivants à nous rappeler nos exploits.

Cusco

C'est en arrivant à Cusco qu'on réalise que notre programme est encore plus serré qu'on le pensait. On n'a qu'une journée complète pour découvrir la capitale des Incas, avec les courbatures de la veille en prime ! On fait donc appel à señor Willy qui nous envoie son fils en guise de taxi. On visite les sites incas de Qenqo (lieu de culte et de rites), Pukapukara (forteresse militaire) et Tambomachay (lieu de fontaines), puis le musée de Qoricancha où on apprendra des choses intéressantes et pas du tout sanglantes sur les pratiques de trépanation et de déformation des crânes chez les incas, sympa ! On y recroise même une momie, un peu moins fraîche que Juanita...

Fin du jour sur Qoricancha.
Fin du jour sur Qoricancha.

On ne verra malheureusement le centre ville qu'en coup de vent, mais l'enchaînement des belles places fait son petit effet. On finit la journée en beauté par un spectacle traditionnel péruvien (toujours inclus dans le billet touristique, ça vaut le coup !), avec des musiques rythmées et des tourbillons de rubans colorés... Nous retrouvons une dernière fois señor Willy qui nous emmène à l'aéroport pour une encore plus courte escale, à Lima.

Lima

On nous avait prévenus, l'intérêt de Lima est bien moins grand que ce que nous avons pu voir avant. Fidèles à nous-mêmes, c'est par un free walking tour qu'on se lance dans la découverte de la ville. Richard nous emmène à travers les places et les églises pour nous raconter l'intéressante histoire du Pérou, de son métissage, de la vie trépidante des conquistadores qui se sont bien tapés dessus les uns les autres (trop d'or, ça leur est monté à la tête), de son indépendance et de la situation complexe actuelle avec l'accueil de milliers de vénézuéliens.

Et c'est encore l'heure de partir pour un autre pays. On quitte le Pérou avec de nombreux souvenirs inoubliables et le ventre bien rempli, mais aussi avec un regret : celui de ne pas avoir eu plus de temps dans ce pays. On aurait adoré ajouter au programme les lignes de Nazca, le canyon de Colca, la montagne des 7 couleurs, ou encore le lac Titicaca... Une certitude : on reviendra !

Elida

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